Samedi 19 décembre, rendez vous en pleine Sibérie…Par cette belle soirée d’hiver nous nous rendons à Azay Le Rideau (37) pour la Megalonight (CO nocturne la plus longue de France). Arrivée vers 19 heures par une température de –4°C et 5 cm de neige : que du bonheur !

Petite collation et grande cuisine avant les fêtes : un demi saladier d’une entrée de pâtes…mais pas trop le choix avant 10 heures de course. Petit brin de causette avec des équipes connues et préparation du paquetage. Il n’y a qu’à observer autour de nous pour comprendre que cette affaire est destinée aux spécialistes : préparation méticuleuse, voire maniaque (ordre des bidons, isolation des kamel…ça nous fait sourire mais pas pour longtemps).

Nous recevons les 4 cartes et commençons à établir notre itinéraire. Et là comme des bourrins en 1 regard on décide de prendre l’option : 84 balises, la totale ! Et oui tant qu’à faire , on a payé pour ça alors si on veut apprendre c’est par là que ça commence. Apres 15 minutes de traçage, on décolle les derniers de la salle pour plus de 10 heures de promenade…

La patinoire passée dans les rues d’Azay, on attaque le premier poste sans problème rattrapant la première équipe. Puis les 5 autres balises sans soucis en se frottant à l’ensemble du peloton. Grisés par la course on coupe sur la voie ferrée oubliant la n° 7 « nous tendant la pince » 15 mètre plus loin…on décide ne pas rebrousser chemin et de poursuivre le périple. La nuit est claire (comme nos esprits pour le moment) mais fraîche . Il est minuit et nous atteignons la deuxième carte. Les postes s’enchaînent bien et progressivement les écarts se creusent. On est de mieux en mieux. David oriente et moi je mets les pleins phares à l’approche des postes. Tout semble allez pour le mieux. On notera la première gamelle pour David sur la route (je ne me moque pas car j’aurai également 2 Candeloro à mon actif). Les –7°C ne nous font pas oublier de nous ravitailler. David étrenne son nouveau kamel et par la même occasion révise ses cours de physique…et oui l’eau ça gèle (pas si cons que ça les autres d’isoler leurs tuyaux…).
Apres 4 heures de courses les jambes commencent à être lourdes et la neige au sol n’arrange pas l’affaire, mais le moral est au beau fixe. On est au coude à coude avec Raid Aventure Pays de Vie (futurs vainqueurs).

Nous approchons des 5 heures du mat (Azay se lève , il est 5 heures, Azay se lève…) et les quelques flocons se transforment en véritable blizzard. Les layons ressemblent de plus en plus à un carré de forêt et les carrés de forêts se ressemblent de plus en plus. La visibilité est réduite à 15 mètres. Il faudra vraiment que Petzel investisse dans des antibrouillards. Nous nous raccrochons à la cordée des Flying pour récupérer 2 balises et nous atteignons le ravitaillement pour une petite soupe…très amère. En effet, après une petite pause de 5 minutes autour du feu nous repartons derrière Pays de Vie. Nous avons 55 balises, soit 2 de moins qu’eux.

A partir de là gros trou noir (ou plutôt blanc). La balise 79 (balise volée) nous fait jardiner un peu et nous décidons d’attaquer la 80. Pas trop de soucis mais une sortie approximative sur le chemin nous déstabilise complètement dans l’approche de la 81. A partir de là c’est le drame. Les erreurs grossissent comme une boule de neige, si bien que nous perdons complètement le fil de la course. Pour nous aider la neige et le vent redoublent effaçant le peu de traces encore visibles…un vrai cauchemar et une CO se transformant en projet Blair Witch…tout juste si on n’a pas croisé des loups.

Cela fait 1h45 qu’on tourne en rond avec l’impression que plus jamais on ne reverra une quelconque civilisation. Après différentes options et un nord défaillant sur le gps…nous décidons d’appeler l’organisation. Pas de réseau bien sûr. Je me retourne et constate les restes du feu du ravito : ouf ! on mesure l’étendue des dégâts. Il est 6H45 passé et nous voilà avec 57 balises à 13 km d’Azay le Rideau. Près de 2 heures pour ne pas avancer sur la carte et trouver 2 malheureuses balises. Plus le choix. Si on ne veut pas finir encore plus ridicule : tracer au plus court pour éviter d’être hors délais. On suit une belle petite nationale gelée. De belle lignes droites vallonnées : nickel pour le moral. On arrive tant bien que mal à l’arrivée à 7H53 avec 2 morceaux de bois en guise de jambes.

Bilan de cette traversée du grand Nord : 70 bornes (soit 10 de plus que les premiers pour l’anecdote…) et seulement 57 balises sur 84. Quel dommage compte tenu du début. La soupe me reste encore au travers de la gorge. Ça reste quand même pour nous deux une belle expérience, enrichissante une fois de plus. L’épreuve vaut le détour et l’organisation était sympa. Maintenant place à 2010, et des CO hivernales dès janvier. Le foncier est là, il va falloir que ça paie.